ANGELE LECAT (1889-1918)
Issue d’une famille d’agriculteurs, Angèle Lecat est née le 11 janvier 1889 à Rumegies.
Pendant la Grande Guerre, Rumegies dépend de la Kommandantur d’étape de Saint-Amand.
C’est dans ce village du Nord qu’en juin 1917, deux prisonniers anglais évadés d’un camp de la région se réfugient. Angèle et sa sœur Philomène tentent de les faire fuir via la Hollande. Avec ses sœurs Marie et Philomène, elle les nourrit, les cache et réussit à les intégrer dans un groupe qui passe en Belgique vers les Pays-Bas et la liberté.
Elle entre en résistance par patriotisme, par solidarité familiale, par piété. Elle agit aussi par réaction à la dureté et à l’arbitraire de l’occupation pesant sur les départements du Nord de la France et des Ardennes occupés.
En septembre, après des hésitations, les deux sœurs et des amis rumegeois décident d’utiliser un pigeon-voyageur parachuté par les Alliés. De cette manière, ils leur font parvenir des informations sur les positions des troupes allemandes aux alentours de Saint-Amand-les-Eaux.
Angèle Lecat pratique deux formes de résistance (évasion et renseignements, utilisation du pigeon), tout en étant au courant des risques, du fait de l’activité du contre-espionnage allemand.
Dénoncées, le 4 octobre 1917, Angèle et Philomène sont arrêtées à Rumegies pour être venues en aide aux prisonniers anglais. Le verdict est de six mois de prison. Mais alors qu’elles sont emprisonnées, les Allemands découvrent le stratagème du pigeon-voyageur. Un second procès pour espionnage leur est intenté en février 1918. Angèle prend alors toute la responsabilité de l’opération pour sauver sa sœur et est condamnée à mort le 2 février 1918.
Ses complices n’auront qu’une peine de prison. Sa demande de grâce auprès du Kaiser n’aboutit pas, n’ayant pas été envoyée par l’officier Von Hellingrath qui commande Saint-Amand, qui souhaite faire un exemple. Angèle passe deux mois dans la prison de Saint-Amand avec une sœur. Elles sont séparées. La dernière lettre d’Angèle est adressée à sa famille : « Au revoir, chers parents, frères et sœurs, pardon ma mère de vous avoir fait tant de chagrin, priez pour le repos de mon âme, j’ai tant péché, adieu » (archives familiales)
Fusillée le 25 mars, et inhumée au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux, une stèle en sa mémoire est aujourd’hui érigé sur les lieux de sa mort.
Après le 11 novembre 1918, Angèle Lecat est célébrée comme une martyre et une héroïne de la Grande Guerre. En 1919, son corps est ramené de Saint-Amand-les-Eaux à Rumegies. Des funérailles lui sont organisées. Elle reçoit, en 1924, la Légion d’Honneur à titre posthume, la Croix de guerre avec palme, ainsi que la Médaille de la Reconnaissance Française. Une cité et une stèle partagée avec Louise de Bettignies et Emile Gressier au Jardin de la Mémoire perpétuent à Saint-Amand-les-Eaux le souvenir de sa mémoire.